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Ecran noir

Le Festival International du Film Panafricain de Cannes, 19ème Edition...

Le Festival International du Film Panafricain (FIFP)a ouvert ses portes mardi 18 octobre 2022 à Cannes à l’Espace Miramar. Il baissera les rideaux le dimanche 23 octobre 2022.

Le FIFP en est à sa 19ème Edition. Comparé au Festival de Cannes, c’est un nourrisson, « mais un nourrisson qui a de la gueule. » Son président Eitel Basile Ngangué Ebelle dans son mot d’ouverture a, comme de bien entendu, débordé du cadre cinématographique pour parler de l’exception culturelle, une tradition hexagonale datant des années 1980 sous François Mitterrand avec Jack Lang comme ministre de la culture.

Depuis sa naissance, « Le bébé », vieux de dix-neuf ans, a néanmoins déjà mis la lumière sur des centaines de cinéastes afro (et assimilés) qui revendiquent un « cinéma indépendant. » Le FIFP peut se targuer d’être le prolongement méditerranéen du FESPACO de Ouagadougou au Burkina Faso avec cette particularité de donner voix au chapitre aux Caraïbes, cette « Afrique transplantée aux Amériques. »

A ce propos, théorise Bijou, une habituée du Festival africain de Cannes :
« Nous sommes tous bénis. Le divin, les anges, nos ancêtres sont bien présents pour nous aider à nous soutenir les uns les autres dans la panafricanitude et dans l’excellence.  »

FRANÇAFRIQUE

Le mouvement social qui frappe L’Hexagone avec la grève dans l’industrie du pétrole a eu l’inconvénient d’empêcher certains membres du jury d’être présents à Cannes à temps. Cas de Rachid Ben Hadji désigné pour présider le jury Fiction.

L’ombre de la Françafrique dont Total est une des raisons d’être n’est pas loin.

La grève des ouvriers du raffinage est une très belle affiche et notamment une dramatique qui n’est pas sans rappeler que l’exception économique française reste un mauvais plan pour toute l’Afrique francophone (le Mali, Le Burkina, Tchad, Congo, Gabon ).

La RDC, pays dont on attend le happy end depuis 1960, année des Indépendances, est au cœur des tensions auxquelles ne sont pas étrangères les sociétés multinationales qui exploitent ses richesses minières (coltan, diamant, cuivre...) Or le Kivu région frontalière du Rwanda semble un terrain de jeu où de très mauvaises combinaisons politiques nous projettent des scènes d’horreur abominables.

La fiction cinématographique se nourrit précisément de ce type de monstruosités géopolitiques. Et, bien sûr, tout aussi hallucinante soit la fiction, la réalité la dépasse en effroi.

Le réalisateur Joel Sansi, Allemand d’origine congolaise, a fait flipper la salle de Miramar à l’ouverture (ce 18 octobre) avec son film « Seul dans un monde étranger » (Allemagne 2021) basé sur une histoire réelle de Londri Mingolo, ayant, enfant, survécu à l’apocalypse du Zaïre à la chute du maréchal Mobutu en 1997. L’anarchie qui accompagna la chute du dictateur atteint un niveau d’horreur rarement égalé.

Londri ne dut son salut qu’à un casting tragique et un dilemme déchirant où son père militaire qui n’avait pas le choix, vendit sa maison pour l’envoyer à l’abri en Allemagne à Cologne où il avait une tante.

Certains sont persuadés que migrer est un paradis : mais la migration est un voyage au bout de l’enfer. Londri qui rêvait à Kinshasa d’être soit boxeur soit danseur se bat, en Allemagne, avec les démons du trauma psychologique générés en situation d’étrangeté migratoire.

QUI SOMMES NOUS ?

Au bout du compte on est tous Français mais personne ne l’est foncièrement dans ses racines. Le « président inamovible » Basile Ngangué Ebellé (Nice Matin), né à Douala n’est pas plus Sawa que Français. Il est les deux. Il est un en deux ou deux en un. Il a quitté son village peuplé de pêcheurs à Douala au Cameroun pour ne plus quitter Le Suquet, village de pêcheurs situé sur les hauts de Cannes.

« Suis-moi, je te ferai pêcheur d’humanité » aurait pu dire le Nazaréen.

L’HOMME DESCEND DES AFRICAINS

Au bout du compte d’où venons-nous, où allons-nous ? La réponse est mieux formulée par Marie-Anne Sorba (présidente du jury Documentaire) dans un excellent documentaire présenté ce mercredi 19 octobre au FIFP jumelant l’archéologie en Namibie et Terra Amata (musée d’archéologie de Nice) où la réalisatrice démontre la banalité que Européens, Africain, Asiatiques, nous venons tous d’Afrique. Le problème est là, la solution aussi.

Une lapalissade : la femme est un homme comme les autres. C’est tellement évident qu’on a censuré cette égalité dans les représentations de l’humanité. Or la femme est l’avenir de la femme.

Le FIFP s’en est rappelé. Huit membres du jury du 19è festival sur dix sont des femmes. Un coup fatal assené à la misogynie si tant est que la misogynie (comme tous les clichés ) doit être démolie.

Voici les femmes du jury : Aîssatou D. Hemba, romancière. « Je n’ai jamais fait partie d’un jury de film » confesse-t-elle. Mon œil ! Ecrivaine, que fait-elle quand elle compose ses intrigues si ce n’est articuler des histoires avec des coups de théâtre. Mais c’est ça qu’on appelle le cinéma ou critique sociale !

Théodora Penda, (jury documentaire) a pour objet d’étude les enfants migrants. Le cas de Londry Mingolo dans« Seul dans un monde étranger » l’a beaucoup interpellée car elle travaille dans le même domaine, celui de l’enfant étranger en situation interculturelle migratoire.

Sonia Mellah (jury Fiction), une victime de la grève des raffineurs (elle n’était pas présente à l’ouverture) ne pourra pas en vouloir à la nouvelle Nobel de Littérature, Annie Ernaux, (une femme) qui a participé, dimanche à la marche contre la vie chère aux côtés de Jean-Luc Mélenchon à Paris. La « Prix Nobel » se définit comme une actrice méthodologique de la fiction autobiographique.

Sonia Victoria Rincon Ortiz (jury documentaire) vient du pays de Gabriel Garcia Marques (La Colombie). Blanche, elle est fière de la culture noire qui coule dans ses veines car son pays fut par le passé un lieu de déportation des esclaves noirs.

La déjà nommée Marie-Anne Sorba, femme des Lettres, femme savante, fréquente le FIFP depuis 2004, à sa création. Elle était à l’époque jeune journaliste à Nice Matin. « Au cours de mon premier reportage, je fis la connaissance de Basile ».
« Depuis, notre amitié est restée intacte » se félicite Marie-Anne Sorba.

Deux membres hommes : Djigui Diarra (jury Fiction) et Rachid Ben Hadj (président du jury Fiction)

SHOWCASE

Kasongo artiste niçois et camerounais et Djoliba , slameuse niçoise et guinéenne ont assuré respectivement la partie musicale, en play-back, sans orchestre.
Il fut une époque (aujourd’hui révolue) où l’ouverture du Festival panafricain faisait la part belle à la musique Live.

Clin d’œil à Kylian Maleko, directeur général de la revue Holy Hood Mag (parrainé par Harry Roselmack ) qui a son siège à Paris, et sera distribuée bientôt dans les kiosques de l’Hexagone. K. Maleko est Français et Congolais du Congo de Tshisékédi (243). Il a présenté sa maquette à Cannes. Bon vent à Holy Hood.

Nous n’avons aucune information sur le Congo de Sassou « L’irrésistible pion » de la Françafrique .

Y a-t-il un cinéaste brazzavillois à Cannes à cette 19ème édition ?

Remise des Dikalo Award, et clôture le 23 octobre.

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