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Marchés tropicaux

Le FMI invite BRAZZAVILLE à revoir sa copie

Dans les relations économiques et financières internationales, la conclusion d’un accord avec le Fonds monétaire international (FMI) et le Congo-Brazzaville ressemble parfois à la cour des miracles.

L’éligibilité en 2010 du petit pays pétrolier d’Afrique centrale au statut PPTE (pays pauvres très endettés), grâce au lobbying acharné de Dominique Strauss-Kahn, Yaya Moussa et du personnel véreux du FMI, a procuré à Denis Sassou Nguesso et aux autorités de Brazzaville en charge de la conduite de la politique économique le sentiment de toute puissance. Et a donné droit au khalife d’Oyo et au Parti congolais du travail (PCT) de rêver plus grand et de considérer le FMI comme un pourvoyeur de cash chargé de boucher les trous.

Babouche

« Christine Lagarde ne peut rien me refuser » se vantait Denis Sassou Nguesso. La lune de miel entre le FMI et Denis Sassou Nguesso est finie. L’époque où les haut-fonctionnaires du FMI lui baisaient la babouche est révolue. Qui aurait imaginé il y a quelques années encore, que les négociations du Congo-Brazzaville avec le FMI tourneraient en rond et ferait du surplace ? Entamées dans la morosité économique et financière internationale, les négociations ont abouti à la conclusion d’un accord sur la facilité élargie du crédit avec à la clé le versement de la première tranche. Et, depuis, c’est le « statu quo  ». De nombreuses voix, au sein de l’opposition, s’étaient insurgées contre le laxisme des pouvoirs publics du Congo-Brazzaville dans la gestion des finances publiques et avaient déploré le manque d’entrain du gouvernement Clément Mouamba quant à la mise en application des 48 mesures édictées par l’institution de Washington.

7,5 % de baisse

La situation n’est guère reluisante avec l’équipe d’Anatole Collinet Makosso qui suit la voie balisée par son prédécesseur. Le projet de loi de finances rectificative du Congo-Brazzaville prévoit : des recettes budgétaires qui s’établissent à 1 665,5 milliards de FCFA, en baisse de 208,4 milliards de FCFA par rapport aux prévisions initiales, soit un taux de 11,1. %, des dépenses budgétaires estimées à 1500,6 milliards de FCFA, en baisse de 144,0 milliards de FCFA soit 8,7 %, consécutive à celle des recettes ; un solde budgétaire de 164,9 milliards de FCFA. Roger Rigobert Andély a annoncé une réduction du train de vie de l’Etat de 7 %. Insuffisant, vitupère Ouabari Mariotti. « Roger Rigobert Andély, ministre congolais des Finances et du Budget, réinstallé à ce poste, à la faveur du dernier remaniement ministériel, a déclaré, à l’Assemblée Nationale, devant les Députés, le 4 août 2021, que la loi des finances allait réduire le train de vie de l’Etat de 7,5 %. », a ironisé l’ancien Garde des Sceaux sous Lissouba. D’autres, plus pragmatiques, à l’instar de Mathias Dzon et Guy Brice Parfait Kolelas fustigeant l’attitude du PCT, n’y croyaient vraiment pas eu égard à la dégradation des comptes publics. La réduction du train de vie de l’Etat devrait se traduire par une plus grande maîtrise de la masse salariale donc une bonne gestion des effectifs de la fonction publique et par une suppression des institutions politiques budgétivores comme le conseil du dialogue, conseil de la jeunesse, conseil des femmes etc…

A Washington, à la direction générale du FMI, dans la perspective d’arracher le versement de la deuxième tranche de la facilité élargie du crédit, Calixte Nganongo, Jean-Jacques Bouya, Gilbert Ondongo, Ingrid Olga Babakas et Ludovic Ngatsé, les chefs de délégation du Congo-Brazzaville, y sont allées négocier avec des semelles de plomb.

Anatole Collinet Makosso flanqué de Denis Chrystel Sassou fait le pied de grue à Paris et tentera de convaincre les entreprises françaises d’investir au Congo-Brazzaville. Roger Rigobert Andély qui appelle Paris à une plus grande implication dans le dossier du Congo-Brazzaville, face à l’ampleur des déficits, obtiendra-t-il gain de cause ? Où en sont les pourparlers avec les traders pétroliers, Gunvor, Glencore, Trafigura et Vitol, devenus les créanciers du Congo-Brazzaville à la suite des prêts gagés sur le pétrole au même titre que la Chine qui a procédé à la restructuration de la dette de ce petit pays de la CEMAC ? Quid de la dette intérieure et de la dette sociale après l’aide financière du Club de Brazzaville ?

Benjamin BILOMBOT BITADYS

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