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Les misérables

Le grand divertissement de la déclaration du patrimoine

C’est dans l’air du temps. Le ralliement du Congo-Brazzaville à l’exigence de la transparence et à la logique de la bonne gouvernance est plus dicté par des considérations tactiques que par l’adhésion franche et sincère à la logique démocratique.

Il y a belle lurette que la « guignolisation » de la scène politique du Congo-Brazzaville n’est plus une vue de l’esprit. Elle est devenue une réalité de la vie quotidienne. C’est le théâtre de chez nous. La Cour Suprême du Congo-Brazzaville dirigée par Henri Bouka, ci-devant Président de la CENI, en est la dernière illustration.

« DECLARATION DU PATRIMOINE EN VEUX-TU EN VOILA »

Après plusieurs années d’atermoiement, la déclaration de patrimoine va connaître son début d’application au Congo-Brazzaville. L’audience spéciale solennelle de la Cour suprême du 25 octobre 2021 a été consacrée à la réception des déclarations de patrimoine des membres du gouvernement.

Accompagné d’une trentaine de ministres, le Premier ministre, Anatole Collinet Makosso, a été le premier à déposer sa déclaration de patrimoine aux mains du premier président de la Cour suprême, Henri Bouka, tout en certifiant sur l’honneur le contenu de son document. Après, s’en sont suivis les ministres d’Etat ainsi que les autres membres du gouvernement présents. Après les membres du gouvernement, le premier président de la Cour suprême a lui aussi déposé sa déclaration de patrimoine aux mains du vice-président de cette juridiction, Alphonse Dinard Moubangat-Moukondzi (Les dépêches de Brazzaville, 25 octobre 2021).

COMEDIE

Et, ce dernier, le nommé Moubangat-Moukondzi, auprès des mains de quelle autorité devra-t-il déposer sa déclaration de patrimoine ? Qui est chargé d’en assurer le contrôle ? Quelles sanctions encourues pour les fausses déclarations ? D’après sacer.com, 27 octobre 2021 , Jean-Jacques Bouya déclare un patrimoine de 262 millions de francs CFA, Claude Alphonse Nsilou (80 millions de francs CFA), Pierre Mabiala (50 millions de francs CFA) et Anatole Collinet Makosso ( 45 millions de francs CFA). Une véritable insulte à l’intelligence des congolais. A la lecture de ces chiffres, les populations du Congo-Brazzaville, qui ne sont pas dupes et ne manquent pas d’humour, ont pouffé de rire.

C’est avec un intérêt non dissimulé que les populations du Congo-Brazzaville attendent de découvrir les déclarations de patrimoine de Sassou Nguesso, Gilbert Ondongo, Henri Djombo, Chrystel Sassou, Lucien Ebata, Jean Dominique Okemba, Claudia Sassou, Albert Ngondo, Jean Bruno Richard Itoua, Rigobert Maboundou, Willy Etoka, Isidore Mvouba, Denis Ngokana…

Les populations du Congo-Brazzaville qui assistent au dépouillement de l’Etat dans divers domaines sont dubitatives. Le détournement des fonds publics au Congo-Brazzaville est une coquetterie, presque une banalité instituée en sport national. Il suffit de se baisser pour ramasser. Les biens mal acquis (BMA) et les comptes offshores, révélés par les « panama papers  », « Paradis papers  » et « Pandora papers », ont-ils obligation d’être mentionnés dans la déclaration de patrimoine ?

Benjamin BILOMBOT BITADYS

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