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Dabira : "On veut faire de moi un bouc-émissaire"

BRAZZAVILLE, 21 jan (AFP) - 14h14 - Un tribunal français a lancé un mandat d’arrêt international contre un officier congolais, l’inspecteur général des armées, le général Norbert Dabira, dans le cadre d’une information judiciaire à la suite de disparitions survenues en 1999 au Congo, a affirmé mercredi l’intéressé en protestant contre cette mesure.

"Les juges du tribunal de Meaux viennent de lancer contre moi un mandat d’arrêt international dans le cadre de cette affaire. Ils savent bien que je suis innocent. Je suis outré par cet acharnement. J’ai l’impression que les juges veulent faire de moi le bouc-émissaire de cette affaire pour mettre en difficulté le pouvoir de Brazzaville", a dit le général Dabira à l’AFP.

L’officier congolais, qui dispose d’une carte de résident en France, avait déjà été entendu en juillet 2003 comme témoin assisté en compagnie de son avocat par deux juges de Meaux. Convoqué une deuxième fois par les juges, le général Dabira ne s’était pas présenté sur ordre du gouvernement congolais.

En mai 1999, les forces de sécurité congolaises auraient arrêté des centaines de Congolais qui rentraient de leur exil en République démocratique du Congo (RDC), où ils avaient fui les affrontements dans leur pays.

Selon les familles de ces personnes, 353 d’entre elles auraient été arrêtées à leur arrivée au débarcadère fluvial de Brazzaville, puis portées disparues.

Trois rescapés ont porté plainte au tribunal de Meaux contre le président Denis Sassou Nguesso, le ministre de l’Intérieur, le général Pierre Oba, le commandant de la garde républicaine, le général Blaise Adoua et le général Dabira pour des faits de torture, crimes d’enlèvement et crimes contre l’humanité.

"Mes fonctions ne font pas de moi une autorité clé du dispositif de défense dans notre pays. Tous les ordres émanent du ministre de la Défense ou du chef d’état-major des armées. S’il y a eu faute administrative, ce n’est pas à moi qu’on peut l’imputer", a déclaré le général Dabira.

"Lors de mon audition, les juges de Meaux m’ont dit qu’ils voulaient à travers moi faire aboutir cette affaire. Je suis donc le coupable désigné pour qu’ils arrivent à leur fin. Cela met en cause l’honneur de ma famille et m’empêche de sortir du pays et de me rendre en France pour rendre visite à ma fille malade", a-t-il ajouté.

"C’est méchant de la part des juges de Meaux de s’attaquer à un innocent", a encore affirmé l’officier, qui a accusé les juges d’avoir refusé à son avocat, Me Caty Richard, du barreau de Val-d’Oise (France), d’"avoir accès au dossier".

Les autorités congolaises ont à plusieurs reprises démenti l’arrestation des réfugiés à leur retour, mais ont admis qu’il y avait eu des "dérapages et des règlements de compte".

Une autre instruction relative à la même affaire avait été ouverte en août 2000 par la justice congolaise, mais l’enquête n’avait pas avancé.

En 2002, à la suite de l’ouverture de l’instruction judiciaire au tribunal de Meaux, la justice congolaise a relancé sa propre instruction.

Plusieurs personnalités politiques et des officiers des forces de sécurité ont été entendus par la justice congolaise. Aucun d’eux n’a été inculpé.

Le gouvernement congolais a demandé à la Cour internationale de justice de La Haye d’ordonner l’arrêt de l’instruction des juges français, mais il n’a pas obtenu satisfaction.

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