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Paludisme : donner systématiquement du fer aux jeunes enfants serait dangereux

Donner à tous les jeunes enfants du fer et de la vitamine B9 (acide folique) comme compléments alimentaires dans des régions à forte prévalence du paludisme peut accroître le risque de maladies graves et de décès, selon une étude à paraître dans la revue médicale britannique The Lancet.

Un tel accroissement du risque n’est pas relevé dans des régions du Népal où le paludisme est rarissime, selon une autre étude paraissant également dans The Lancet daté de samedi.

L’Organisation mondiale de la Santé et le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) recommandent que des compléments en fer et en vitamine B9 soient administrés aux enfants de moins de deux ans dans les régions où l’anémie est fréquente.

Mais administrer ces compléments aux enfants qui ne souffrent pas d’un déficit en fer "pourrait être nuisible" lorsque le paludisme est fréquent. Il il faut donc réviser ces recommandations invitant à un apport systématique pour tous les jeunes enfants en fer et en acide folique, concluent Robert Black (Johns Hopkins University de Baltimore, Etats-Unis) et ses collègues.

L’étude a porté sur plus de 24.000 enfants âgés de moins de trois ans (un à 35 mois) vivant à Pemba sur l’île de Zanzibar. Ils ont été répartis en trois groupes : un tiers a reçu du fer (12,5 mg par jour au-delà de 11 mois, moitié moins avant) et de la vitamine B9 ; un tiers du fer, de l’acide folique et du zinc ; et un tiers seulement un placebo.

L’essai a été arrêté prématurément en août 2003, lorsqu’un surcroît de décès ou d’hospitalisations a été constaté dans les groupes recevant du fer et de l’acide folique (avec ou sans zinc en plus). Dans ces deux groupes, le risque d’hospitalisation pour maladie grave ou de décès s’avérait 12% plus élevé que dans le groupe placebo.

Les effets du fer sur le système immunitaire, ou de possibles interactions entre acide folique et traitements anti-paludéens à base d’antifolate (ce qui retarderait les effets des médicaments), sont évoqués dans un commentaire par des spécialistes du Kenya pour tenter d’expliquer ces résultats.

Seuls les enfants ayant réellement un déficit en fer bénéficiaient des compléments administrés, souligne Robert Black, qui relève qu’environ les trois quarts des enfants de moins de cinq ans vivant en Afrique de l’Est souffrent d’anémie, c’est-à-dire d’un manque de globules rouges dû notamment à une carence en fer et en vitamine B9.

Une carence en acide folique provoque un ralentissement de la multiplication des cellules, notamment de celles ayant un fort taux de renouvellement comme les cellules sanguines (globules rouges et blancs). Indispensable, l’acide folique est également impliqué dans la synthèse de neuromédiateurs qui jouent un rôle fondamental dans le métabolisme du cerveau et des nerfs.

Dans la seconde étude réalisée auprès de 25.000 enfants népalais âgés de un mois à trois ans, dans une région où le paludisme est rare, il n’y a pas eu de hausse particulière des décès parmi les enfants recevant du fer et de la vitamine B9.

Source : AFP 13.01.06-

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