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Prométhée et la fonction de répartition.

Les Dieux ont toujours l’amour de l’espèce vivante. Même s’ils ont imposé à l’homme de manger à la sueur de son front, ils ont gardé dans un coin la Divine Providence, pour lui assurer le minimum nécessaire à sa reproduction. Et, c’est à Prométhée et Épiméthée qu’ils avaient confié la fonction de répartir ce dont les espèces vivantes avaient besoin pour vivre.

Mais, voilà qu’Épiméthée s’était cru capable d’assurer seul cette fonction, et, avec une certaine insouciance, avait donné aux animaux, la rapidité, l’agilité, le courage, la force et le moyen de se protéger. Comme son nom signifie « qui voit après coup », il s’aperçut, un peu tard, qu’il ne lui resta rien à donner aux hommes. Lorsque Prométhée vint inspecter le travail de son frère, il trouva « toutes les autres races harmonieusement équipées, et l’homme nu, sans armes, sans chaussures, sans couverture ». Il décida alors de donner à l’homme le feu.

Selon ESCHYLE, sans Prométhée, « le feu flamboyant [ne serait pas] aujourd’hui aux mains des éphémères […] ; et de ce feu, ils apprendront des arts sans nombre ». C’est ce feu qui a apporté la civilisation à l’homme.

De ce récit mythique se déclinent deux idées essentielles, qui pourraient illuminer la conduite des affaires des hommes dans nos sociétés : la rigueur et la justice dans la répartition, et la maîtrise des sciences et des technologies. Mais pour ce mercredi, intéressons-nous à la répartition.

Si les uns sont pourvus et les autres nus, comme c’est actuellement le cas, un peu partout, sous la voûte du ciel, c’est que certainement, la main, visible, chargée de distribuer la manne de la corne d’abondance a des préférences stratifiées, si elle n’est pas débordée par quelques autres mains vautours.

Pourtant, la divine répartition, qui devrait servir d’exemple, sinon de modèle économique, nous apprend que la manne était également répartie, et, quelle que soit la portion reçue, on en avait toujours assez ; et tout le monde était content.

Mais les sociétés dites modernes ont très vite fait d’oublier cette forme d’optimisation de la répartition de la richesse nationale. Et, voilà que dans le silence, s’élève ici et là, l’immense cri d’un tsunami silencieux, qui menacent 100 millions d’hommes. Et les politiques manquent de prospective.

L’une des conséquences de cette redistribution de la richesse nationale à la carte, est la montée en puissance du mécontentement, dont l’un des aboutissements inéluctables est la division du pays : les uns sont pourvus et repus, et les autres nus et affamés. Or, il est dit « qu’un royaume divisé contre lui-même est dévasté ; une ville ou une maison divisée contre elle-même ne peut subsister ».

Que faire alors ?

Moraliser la vie politique ; moraliser la gestion économique.

Au fond, l’un des problèmes qui se posent à l’économie de certaines sociétés est le rapport à l’autre, l’autre actuel et l’autre futur. Tel qu’elle a fonctionné, elle a permis certes la création des richesses ; elle a hissé ces sociétés et des individus à des hauts niveaux de prospérité et de bonheur. Mais pris collectivement, les communautés vivent des disparités tellement énormes, des écarts tellement importants du point de vue diachronique, que l’on est en droit de (re)questionner les pratiques politiques et économiques. L’éthique dans la vie politique et dans la gestion économique, ne serait-elle pas une réponse ?

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