BRAZZAVILLE, 30 déc (AFP) - 16h03 - Le Haut Commissariat des Nations Unies aux réfugiés (HCR) a accepté de coopérer avec le gouvernement de Brazzaville pour faire la lumière sur le sort de quelque 350 réfugiés congolais rapatriés en 1999 de République démocratique du Congo (RDC) et toujours portés disparus quatre ans plus tard.

Dans une lettre adressée aux autorités congolaises, publiée mardi par le porte-parole du gouvernement Alain Akouala, le patron du HCR Ruud Lubbers assure les autorités congolaises qu’il a donné ordre à ses "représentants en République du Congo et en République démocratique du Congo de partager avec les autorités de la République du Congo, les manifestes des rapatriements volontaires".

C’est la première fois que le HCR s’engage à faire la lumière sur l’affaire des disparus au Congo. Celle-ci a éclaté après qu’un groupe de familles congolaises eut accusé les forces de sécurité d’avoir arrêté et fait disparaître plusieurs réfugiés qui rentraient de RDC, où ils avaient fui les guerres civiles de 1997 et 1998 au Congo.

Selon ces familles, 353 réfugiés auraient disparu après avoir été soupçonnés d’avoir participé, aux côtés des miliciens ninjas de l’ex-Premier ministre Bernard Kolélas, aux affrontements contre les troupes gouvernementales à Brazzaville et dans le département du Pool (sud).

Le gouvernement congolais rejette ce chiffre, nie l’existence d’un plan d’arrestation des réfugiés, mais admet qu’il y a eu des bavures et des règlements de comptes.

Le rapatriement de ces réfugiés congolais avait été mené par le HCR en mai 1999, suite à un accord avec les gouvernements de Brazzaville et de Kinshasa. Par cet accord, le HCR s’engageait à fournir aux autorités des deux pays les listes des réfugiés établies lors de leur embarquement au beach (port) fluvial de Kinshasa et de leur débarquement au beach de Brazzaville.

Le HCR n’avait jamais remis ces listes aux deux Congo.

Le 20 novembre, le ministre congolais des Affaires étrangères Rodolphe Adada a demandé dans une lettre à M. Lubbers de faire parvenir ces listes au au gouvernement.

Dans sa lettre, le haut commissaire aux réfugiés souligne qu’il ne dispose pas de "listes exhaustives des réfugiés rapatriés" parce que plusieurs d’entre eux "s’étaient rapatriés spontanément en dehors du cadre préétabli".

Cependant, répondant au ministre Adada, M. Lubbers écrit : "J’ai été saisi des témoignages des familles d’un certain nombre de réfugiés selon lesquels plusieurs de ces personnes rapatriées auraient disparu dès leur arrivée sur le territoire de la République du Congo. Je prends note avec satisfaction des efforts que votre gouvernement entreprend pour rassembler les documents qui permettront de faire la lumière sur le sort de ces personnes".

En 2001, un groupe de réfugiés rescapés a porté plainte contre quatre dirigeants congolais, dont le président Denis Sassou Nguesso, auprès du tribunal de Meaux (banlieue de Paris), pour "crimes d’enlèvements, crimes de guerre, crimes contre l’humanité".

Dans le même temps, la justice congolaise a ouvert une information judiciaire.

Le gouvernement congolais a ensuite saisi la Cour internationale de justice de La Haye pour que la justice française suspende l’instruction en cours, faisant valoir qu’elle n’était pas compétente pour statuer sur l’affaire et que son action portait atteinte aux intérêts du Congo.

La CIJ a estimé, au contraire, que l’instruction ouverte par le tribunal de Meaux ne mettait pas en cause les intérêts du Congo.