Par des menaces non précisées mais bel et bien formulées 3A vient remettre en question la mission de RFI. Une fois encore se servant de seules affirmations non étayées de documents probants (à noter que la partie adverse ne sait pas mieux faire [1]), 3A pousse un coup de gueule qui montre le peu de cas qu’il fait de la liberté d’expression. L’argumentation donnée pour discréditer le témoin Marie-Nicodème Nganga, à savoir qu’il aurait été débarqué pour détournements de fonds, quand on sait que dans les hautes sphères de l’état l’impunité pour ce genre de délit (crime d’après les termes mêmes de la constitution) est règle, est des plus surprenantes [2].

Le gouvernement congolais a lancé samedi une mise en garde à Radio France Internationale (RFI) pour avoir traité de manière "partiale" l’affaire des réfugiés disparus en 1999 au Congo, et a rejeté le témoignage d’un ancien conseiller présidentiel sur ces disparitions, publié par le quotidien français Le Monde.

En mai 1999, des Congolais qui rentraient de leur exil en République démocratique du Congo (RDC), où ils avaient fui la guerre civile faisant rage dans leur pays, auraient été arrêtés puis tués à leur retour au "beach", principal port de Brazzaville sur le fleuve Congo.

"Nous n’acceptons plus que cette radio puisse avoir un traitement trop orienté et partial de l’information sur notre pays et sur l’affaire des disparus. RFI est championne du monde de la désinformation et de la subversion", a affirmé Alain Akouala, ministre congolais de la Communication et porte-parole du gouvernement, au cours d’une mise au point à la presse.

"Si on n’est pas en accord demain avec RFI, on arrête. Nous sommes en partenariat", a-t-il averti sans plus de précision.

RFI diffuse en modulation de fréquence au Congo, suite à un accord avec le gouvernement congolais. Elle verse une redevance annuelle de 39 millions de FCFA au Congo.

Le porte-parole a également rejeté le témoignage, publié par Le Monde, d’un ancien conseiller du président Denis Sassou Nguesso. Celui-ci, entendu par un juge français, a affirmé avoir vu de son bureau à la présidence près du fleuve Congo, pendant la seconde quinzaine du mois de mai 1999, "des corps empilés et des brasiers qui servaient à incinérer de nombreux corps".

Selon les familles des victimes, la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) et l’Observatoire congolais des droits de l’Homme (OCDH), 353 réfugiés sont portés disparus.

Marie-Nicodème Nganga était conseiller au travail et à la fonction publique du président Sassou Nguesso de 1998 à 2000. Il a affirmé s’être réfugié en France après avoir échappé à une tentative d’enlèvement.

"J’estime à première vue qu’il y avait plus d’une centaine de corps. Il y avait des groupes militaires de la garde présidentielle sur les lieux", a expliqué M. Nganga, selon le journal Le Monde daté de samedi.

Interrogé sur la responsabilité du président Sassou Nguesso, M. Nganga a indiqué : "je ne peux pas affirmer qu’il a été un donneur d’ordre, mais je suis convaincu qu’il a fermé les yeux et encouragé".

"Ce témoignage est faux. Il n’y a jamais eu de massacres des réfugiés", a rétorqué M. Akouala, pour qui M. Nganga avait été "viré de ses fonctions pour avoir détourné des fonds destinés à une commission chargée de la réforme de la fonction publique et pour incompétence".

"Ce chiffre (de 353 disparus, ndlr) n’existe pas. Nous avons des listes des réfugiés qui étaient rentrés au pays. Il n’y a jamais eu d’arrestations ou de massacres", a encore affirmé M. Akouala, ajoutant que "certains réfugiés sont encore vivants en RDC".

"Nous demandons à ces réfugiés d’entrer en contact avec le gouvernement", a souligné M. Akouala, qui a appelé ces Congolais à "porter plainte contre la FIDH, l’OCDH et le Haut commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR), co-organisateur avec les gouvernements du Congo et de la RDC du rapatriement des réfugiés, afin qu’ils "soient dédommagés".

Le gouvernement congolais a toujours affirmé qu’il y avait eu des règlements de comptes entre les membres des bandes armées lors du retour des réfugiés.

Jeudi, à Oyo (nord), le président Sassou Nguesso a promis qu’un procès serait organisé au Congo pour faire la lumière sur ces allégations de disparitions.

Le 2 avril, le tribunal de Meaux (banlieue parisienne) a suspendu une information judiciaire pour crimes contre l’humanité, qu’il avait ouverte en 2001 suite à des plaintes déposées par trois rescapés congolais contre quatre dirigeants congolais, dont le président Sassou Nguesso.


La position officielle (source Congosite) :

Affaire dite des disparus du beach : une diversion !

Depuis quelques années, certains médias internationaux spéculent sur l’actualité congolaise sans mener la moindre investigation. Ces médias feraient mieux de dépêcher des reporters pour constater la vérité sur le terrain, que de se contenter des propos de certains individus. Décriant cette diversion médiatique contre le Congo, le ministre de la Communication, chargé des Relations avec le Parlement, Porte-parole du Gouvernement, Alain Akouala, a fait une sévère mise en garde à la Radio France internationale (RFI), suite à la diffusion des propos de M. Nganga sur l’affaire dite des disparus du beach.

M. Akouala s’est exprimé au cours d’un point de presse, le 22 mai 2004 à Brazzaville. Après avoir traversé une période sombre de son histoire, le Congo a besoin de la paix pour remettre son économie sur les rails.

M. Akouala a réagi contre le témoignage d’un ancien conseiller du chef de l’Etat, M. Marie-Nicodème Nganga, diffusé sur RFI, faisant état de plus d’une centaine de personnes portées disparues en 1999 au beach de Brazzaville.

M. Nganga était conseiller au travail et à la fonction publique du Président de la République de 1998 à 2000. Pour M. Akouala, ces informations ne sont pas fondées, ajoutant que M. Nganga avait été viré de ses fonctions pour avoir détourné des fonds destinés à une commission chargée de la réforme de la fonction publique et pour incompétence [3]

Le porte-parole du Gouvernement a fait savoir que RFI a contribué en décembre 1998 à l’escalade de la violence au Congo. « Violant les règles professionnelles qui consistent à vérifier la véracité de l’information, RFI a laissé passer en décembre 1998 M. Bernard Kolelas annonçant qu’il contrôlait Brazzaville, cela a accéléré la violence à Bacongo et Makélékélé. RFI porte une responsabilité sur les morts qu’il y a eu dans notre pays », a-t-il poursuivi.

Selon M. Akouala, RFI s’est lancée depuis quelque temps dans une sorte de diversion contre la République du Congo. Le ministre de la Communication a estimé qu’il n’était pas obligatoire que cette chaîne soit captée en modulation de fréquence (FM) au Congo. Le Congo reçoit une redevance annuelle de 39 millions de F CFA de RFI, selon une convention.

L’affaire des disparus rebondit sur RFI, alors qu’il y a eu suspension de l’information judiciaire par le tribunal de Meaux (France) le 2 avril 2004.

Au cours d’une conférence de presse le 20 mai 2004, le chef de l’Etat congolais, Denis Sassou Nguesso, a qualifié cette affaire de simple manipulation politicienne. Le premier citoyen congolais a annoncé l’ouverture d’un procès à Brazzaville pour faire la lumière sur une affaire qui continue à faire couler beaucoup d’encre.

Par ailleurs, le ministre de la Communication a affirmé que certains des prétendus disparus étaient rentrés à Brazzaville, lors des opérations de rapatriement organisées en mars et avril 2004. D’autres hésitent de rentrer au bercail parce que considérés comme disparus.

M. Akouala a demandé à ces personnes de porter plainte contre la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH), l’Observatoire congolais des droits de l’homme et le Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR).

[1Toutes nos demandes de liste des disparus, ou de documents probants auprès des organisations plaignantes se sont toujours soldées par des refus

[2Nous ne doutons pas qu’il ait détourné des fonds, nous doutons seulement que ceci ait été la raison de son éviction

[3Il va sans dire que la personne qui nomme un incompétent à un poste de responsabilité n’est lui même pas coupable d’incompétence.